Comment défendre le président d'un point de vue culturel ou intellectuel en une leçon
Entendu hier ou avant-hier sur une radio de sociaux-traitres (lolitrolluphilipval.jpg) dans la bouche d'un type qui, si j'ai bien compris la manoeuvre, défendait le Président :
"Sarkozy est comme tout le monde. Il n'a pas cette distance qu'ont pu avoir les politiciens avec le peuple. Sarkozy aime les mêmes choses que le peuple, des choses simples (PSG/Bigard/People'z/Rollex/Christian Clavier), et c'est pour ça que le peuple l'aime"
Premièrement, moi j'aime Tatayet, Blair, Tchaïkow... Tch... Ce compositeur russe dont je en sais pas écrire le nom, Naoki Urasawa et les Tacticals RPG. Donc, ta gueule.
Ensuite, l'argument soutenu, le seul argument déployable pour défendre le bilan Sarkozien en matière d'apport au monde des idées (Sarkozy n'est pas le premier mauvais président, même s'il est très mauvais. Mais au niveau 5è Rép, c'est indubitablement le premier président bête à manger du foin). c'est d'affirmer que le Président serait un connard d'aimer des trucs plus élevés que le peuple.
Je veux bien. La France, donc, doit être administré par un mec aussi con qu'elle. La France ne lit pas ? (au passage, c'est faux), eh bien donnons lui un président dont la seule référence littéraire est Belle du Seigneur, qu'il n'a pas lu (parce que comme la Princesse de Clève, c'est long et chiant). La France aime boire de la bière au stade en regardant des mecs en short cracher par terre parce qu'ils ont des zizis ? Merveilleux, rallumez la loge présidentielle, c'est quand même plus classe que le sumo. Dieu sait ce que pouvait bien faire Jospin pour se détendre. Et puis merde. Bigard. Bite. Couille. Le peuple aime la bite et les couilles. Il faut que son chef soit hilare au mot même de slip. Pour avoir quelque chose à raconter à Obama ou au chef du Parti Communiste Chinois. Je suis sur qu'eux aussi ils aiment le caca et les blagues sur les salopes.
Je propose en outre de pousser la logique, et de mettre un analphabète violent en charge de l'enseignement des classes de ZEP. Il leur ressemble, et manifestement, c'est une qualité. Qu'il sache lire et puisse l'enseigner semble moins important que leur ressembler.
Je propose aussi un trisomique quelconque pour jouer au taulier dans les asiles de fous. Entre attardés, on se comprend mieux. Et puis, tiens, un trader fou comme ministre de l'économie. C'est quand même eux qui comprennent le mieux les autres traders fous.
L'argument est non seulement idiot, mais laisse témoigner de l'ampleur du désastre Sarkozien en matière d'idées. Les idées sont rentables, ou ne sont pas. Quand ta tête est une grosse calculette, plus de place pour la pensée, le recul ou l'élévation. Bite = $ Couille = £. Un débat littéraire, c'est peanuts s'il n'y a pas de complot du Vatican ou Guillaume Musso dans le lot. Qui d'autre pense comme ça ? Ceux qui ont besoin de maille, d'énormément de maille, pour faire tourner l'usine à caca. Fnac, Virgin, et co. Des rivières et des rivières de caca, une sorte de Colorado de Merde dans lequel, avec un bon tamis, on trouve de bons livres, de bonnes musiques et de bonnes BD.
Après deux ans et quelques de Sarko, on constate qu'on ne vit toujours pas, quoi qu'on en pense, à Dachau. Que la qualité de vie de la plupart des gens a flotté sans s'écrouler, que Sarkozy a été nul à chier, mais qu'on est toujours pas noyé sous les bombes. C'est quelqu'un de médiocre. Sa médiocrité toute énorme se voit bien en matière de soutien à la culture. Remaniée, remâchée, recrachée : la loi inaplicablissime Hadopi 2 est revotée -dans une indifférence complète- et sera sans doute encore invalidée dans une indifférence complète. Toujours absolument pas une ligne sur la rémunération des artistes dans ce torchon. (hey c'est con, connards de musicos prétentieux et connards de pisse-vidéos subventionnés, va falloir faire comme les écrivains et vous trouver un vrai taf). Mais c'est trop en demander à des gens dont le simple concept de création artistique se résume à des fiches de lectures et à un vieux beauf qui dit "bite" au stade de France.
Aneffé, Proxy.