Go ! Go ! Heaven !
Sujet casse-gueule par excellence avec Go ! Go ! Heaven : quatre filles se rencontrent sur Internet et projettent de se suicider ensemble. A l'initiative de Julia, la plus charismatique des quatre, elles décident de fonder un groupe de rock et de se suicider en direct sur scène. L'histoire tient en trois tomes, ou on va suivre les diverses tentatives de suicide ratées du groupe, les raisons qui poussent les quatre nénettes à vouloir mourir. Et croyez-moi, non seulement elles ont de bonnes raisons, mais en plus on va vous les asséner, vous les justifier et vous les argumenter.
Le point de vue choisi par les auteurs est pour le moins original : le manga parle du suicide enle présentant -d'un premier abord- comme une solution tout à fait rationnelle et idéale pour ces filles paumées, larguées, fatiguées et pour lesquels la sympathie éprouvée par le lecteur est toujours au niveau minimal. Oui, les auteurs ont bel et bien choisi quatre fille totalement à baffer, empêtrées dans des problèmes que pour, trois d'entre elles, elles ont totalement contribué à créer et à faire empirer. A la fin du premier tome, on n'a pas toutes les clés en main, une impression d'avoir lu un véritable argumentaire en faveur du suicide faiblement compensé par un personnage de journaliste "normal" qui suit la carrière du groupe, et une légère nausée.
Le propos est plus nuancé au fil du développement de l'histoire, quand on apprend les raisons plus profondes qui poussent les filles à vouloir mourir et quand on commence à comprendre ce qui pousse Julia, sorte de gourou de ce suicide club, à voiloir mourir sur scène. Le propos sur le suicide devient plus nuancé, et les auteurs finissent plus par insister sur le processus qui mène au dégoût de la vie que sur le côté absolument faible et geignard des filles dont on comprend bien qu'elles ne seraient pas tant que ça une grande perte si elle passaient à l'acte.
Bien sur, sur la fin (que je me retiendrais bien de vous gaspiller), on a droit à un petit retournement de situation qui fait que, non, elles ne vont pas toutes crever comme des savates juste parce qu'elles sont paumées. Bien sûr, il y a de la rédemption, du demain est un jour nouveau et de la lumière au bout du tunnel. Mais les auteurs livres aussi une fin douce-amère, une tragédie finale inévitable et bien menée, et évitent de tomber soit dans le gore gratuit, soit dans la fin culcul la praline qu'on aurait attendu de cette BD si elle avait été produite par Disney (Ganbattene, Iron-Man Chan).
Techniquement, c'est surtout très moche, sans être repoussant. Oh. Et quand on ne sait pas dessiner de scène de sexe, on ne dessine pas de scène de sexe. Pitié. Surtout des incestes.
Au final, est-ce que je conseille ce truc qui ne coute que trois tomes, facile à dénicher d'occasion ?
Non. Non, parce qu'à mon sens (in b4 l'art n'est pas un bouquet de fleurs) le message délivré par Go ! Go ! Heaven est trop fort et flirte trop avec l'apologie du suicide pour que je puisse dire "kikoo, lisez-le, c'est fun y'a une gothique obèse qui se jette d'un immeuble~!!1!". Ou plutôt, si, lisez Go ! Go ! Heaven si le suicide vous indiffère relativement (vous n'êtes pas suicidaire, vos proches non plus, vous n'avez perdu personne comme ça). Sinon ça va vous faire le même effet qu'à moi : une légère nausée et l'impression d'avoir payé pour une demi-pub pour le seppuku.