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Le Pandémonium du Dentifrice
27 novembre 2009

How The mighty Moore Has fallen.

Quittons un peu les verts sentiers de la sous-culture nippone pour s'envoler vers la gauche obèse américaine. J'ai été voir "Capitalism : A Love Story" le dernier Michael Moore. Et, comme prévu, j'ai trouvé que c'était un beau gâchis.

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La démarche de Michael Moore, je l'ai toujours bien aimée. On l'a pas mal attaqué sur le fait qu'il était démago, malhonnête et qu'il utilisait le montage pour faire dire n'importe quoi à n'importe qui. Je n'ai pas l'impression qu'il s'en cache particulièrement, c'est un mec engagé qui n'essaye pas de prétendre que tout ce qu'il dit est dit de bonne foi, et c'est un gros troll de gauche. La démagogie ne me gène pas quand elle est assumée comme instrument de travail. C'est assez rigolo. On ne va pas voir un Michael Moore pour apprendre quelque chose en toute neutralité, mais pour voir un type faire la démonstration que le néolibéralisme cay le mal.

En ce sens, j'avais adoré Roger et Moi et The Big One, deux films bien construits et bien écrits qui faisaient bien passer les cols blancs de GM, Nike et compagnie pour ce qu'ils sont : des enflures qui se foutent royalement de leurs troupes. J'avais tout autant (presque) aimé Bowling For Columbine, qui était une charge vraiment forte et argumentée contre les armes à feu, avec une sacrée belle montée en puissance. Encore une fois, les trucs de mise en scène étaient parfois un peu gros, comme si on nous hurlait "Oui bon tu vas comprendre que c'est pas bien les armes à feu, ou quoi ?". Mais ce sont des américains. De grands enfants. Il faut tout leur expliquer.
J'avais déjà nettement moins aimé Farenheit 9/11, charge anti-bush désordonnée, pleine de grosses ficelles ou à mon avis, Moore ne passait pas plus pour une lumière que ce qu'il dénonçait, ce qui était dommage.
J'ai pas eu spécialement envie de voir Sicko, tant je savais ce à quoi j'allais déjà assister : un road-trip ou Michael Moore démontre que le système de santé des USA craint en prouvant que celui de Cuba, ou de la Corée du Nord, ou je sais pas quoi, est genre moins pire.

J'étais pas spécialement plus confiant pour Capitalism, et à raison.

Michael Moore essaye, avec son style inimitable (des blagounettes, du montage hystérique, plein d'images amusantes de vieux films et de la mauvaise foi rigolote) à retracer l'histoire du Capitalisme sauvage jusqu'a la crise financière et au plan Paulson, le tout en prouvant que les grosses banques, c'est que des salopes croqueuses de diamants. Certes. Entre vous et moi, j'en avais déjà une vague idée.
Mais comme je le disais, on ne va pas voir un Moore pour être convaincu, ni même conforté dans ses opinions. On y va parce qu'on va voir un type de gauche (yay) se foutre de la gueule d'un système très ancré à droite (les USA, si ça vous avait échappé*). Sauf que là, bah tout le système Moore est porté à un niveau trop foireux pour que ça marche.

- Trop de montage. Trop, tout le temps. Aucune continuité dans le propos, on change de sujet toutes les deux secondes.
- Encore Flint. Encore et toujours Flint, Michigan. Deux minutes d'interviews de banquiers, et hop, Flint. Deux minutes d'images d'archives sur le capitalisme dans les années 50 et hop, Flint, Flint Flint. Michael Flint.
- Michael Moore, cette fois-ci, ne donne quasiment à aucun moment la parole à ses contradicteurs (ce qui n'était pas le cas dans ses précédents films). On a une immense figure de salaud-rapace au début (un gars qui vend des biens saisis par les banques), et puis presque plus rien. Un trader par-ci, un vigile par là, et finalement, tous les autres personnages sont des pauvres types qui se sont fait arnaquer par la crise financière. C'est dommage, ça donne un côté vraiment trop larmoyant.
- A chaque film, Moore est moins drôle. Il y a bien quelques blagues ici ou là, mais on est loin du côté fantastiquement délirant de ces précédents documentaires. Et en plus, à quelques exceptions (DES CHATS QUI TIRENT LA CHASSE D'EAU), ici c'est pas très drôle.
- Et finalement, à aucun moment, Moore n'approfondit aucun de ces propos. Il soulève des tonnes de points passionnants (il y a énormément à dire sur les excès du capitalisme, on est d'accord) : l'implication des Banques dans la politique, les pratiques glauques des assurances vies, l'effritement de la démocratie, la campagne d'Obama, les subprimes, les expropriations, les grèves, la collectivisation des entreprises et j'en passe : entre deux et dix minutes par sujet. Bof.
- Le côté christique de Michael Moore commence à être fatiguant. Non mon gros, t'es pas le seul à penser comme tu penses, arrête de croire que t'as inventé la gauche américaine.

Au final, on attaque Moore sur le fond, mais un polémiste doit créer des polémiques. Ici, c'est la forme que j'ai trouvé ratée. J'aurais amplement préféré un film ne traitant que des subprimes, ou que du plan Paulson, ou, bah, je sais pas, mais pas ce gros fourre-tout agréable à regarder, mais qui ne fait que survoler un sujet vaste comme la Bible. Si je devais donner une comparaison : c'est exactement le contraire de ce que fait Daniel Mermet sur France Inter.
Et bien sur, je ne suis pas d'accord sur la totalité du fond du film, qui, au final, oppose complètement capitalisme et démocratie. C'est un peu court, jeune gros, dans la mesure où, dans son film, Moore ne propose finalement qu'une définition incroyablement vague du capitalisme (qui semble exclure les entreprises autogérées -qui génèrent du capital, amarite ?- et inclure toute forme de spéculation), et c'est pas mieux en ce qui concerne la démocratie. Je suis encore plus perplexe quand Moore oppose le catholicisme au capitalisme, passage qui aurait mérité mieux que deux interviews de curés progressistes. Peux mieux faire. rendez moi Bowling for Columbine.

1259393216027

* Un peu à la gauchede Bayrou -même sur un panda-, vous avez Obama, et les républicains pensent que c'est Kim Jong Il.

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Commentaires
Z
DEPR PREUMS GET SLOWPOKE I CHOOSE YOU LACHE TES COMMS KIKOO LOL.
R
kim jong deux ?
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