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Le Pandémonium du Dentifrice
20 janvier 2010

Souviens toi du 18 janvier 2010

On m'avait dit que la nouvelle décennie serait mieux (in b4 elle commence dans onze mois et demie). On m'avait promis des téléphones sous-cutanés, la licence globale et un processus 3D qui n'implique pas de revêtir un équipement de type Virtual Boy light. Au lieu de ça j'ai eu le 18 janvier 2010 : une heure angoissante dans la salle d'attente de la CAF, l'insertion d'une énorme barre d'acier entre mes cuisses, et une expérience déplaisante avec la maréchaussée. Ca a explosé, de loin, la fameuse journée d'août 2006 à Marseille qui, elle aussi, impliquait une automobile (de location, celle-là). A la fin d'aout 2006, il y avait du guacamole préparé par une lycéenne en maillot de bain près d'une piscine chauffée. Là, il y a eu un "Oh putain j'ai même plus la force de me doucher, achevez moi".

Je dis ça pour le drama, juste. Cette journée ne s'est pas si mal finie que ça. Je vois plutôt ça comme un accouchement, pour ceux qui aiment les enfants. Du sang, du placenta qui gicle, un médecin qui découpe un tuyau qui sort du ventre éclaté de maman, des promesses de vie sexuelle ruinée, et une horrible boulette de viande violette, hurlante et puante dont il faudra s'occuper pendant 16 à 45 ans selon les cas. Mais c'est un achievment quand même.

Bien. Recadrons la journée. C'était lundi, et pour moi, lundi c'est le week end. C'est mon dimanche, sauf que tout est ouvert. C'est cool. C'est le bien. Lundi matin donc. Je me réveille chez ma waïfu. Bien qu'elle soit le capitaine efficace de son destin, il y a quand même en ce moment sur sa ligne de flottaison quelques vagues de solde de tout compte qui ne tombe pas et des embruns d'allocations familiales en roue libre.
J'ai su que la journée ne serait pas normale quand je l'ai entendu rager au téléphone contre une bourrique administrative. J'en résumerai ainsi le propos en version extrêmement condensée :

"Je vous ai déjà envoyé 9000+ bulletins de salaires et ça fait 5 mois que j'attends mes allocations, vous pouvez me dire ce qui bloque ?
_ Oh je vous trouve un peu impatiente, mademoiselle*.
_ Rage fu."

Après menaces terroristes, elle arrive à obtenir un rendez-vous à la CAF. Toujours prêt à partir à l'aventure, et ne me voyant pas envoyer une personne chère dans une institution avec laquelle j'ai failli être en procès parce qu'on me demandait de rembourser 3000€ qu'une autre personne n'avait pas touché alors que c'est moi qui aurait du ne pas les toucher**, j'ai accompagné ma waifu à la CAF de Paris. Je connaissais déjà un peu celle de Nancy, pour y avoir posté quelque chose. Je me souvenais d'une file ininterrompue de gueux faisant la queue d'un air misérable, excédé et résigné.
Misérables, excédés et résignés ? Ils devraient essayer d'aller à la Caf de Paris. Au milieu d'un beau quartier qu'on dirait la banlieue, un immeuble austère. A l'entrée, des vigiles perdus, confus et agressifs divisent mal les gens en deux tas : une très longue file de gens venus la sans leur carte d'allocataire, et un très, très très grand hall de gens entassés sur pas assez de chaises, attendant qu'on appelle leur nom sur des écrans géants qui font "bip bip" avec une interface windows 95 entrecoupée de très brèves pubs pour le RSA et contre la Grippe A. Tout le monde regarde en l'air, donc.
Pendant plus d'une heure.
Dix guichets. Environ cinq minutes par personne. Une heure d'attente. Calcule combien de gens il y avait dans la salle d'attente, petit bolide. Hard mode : ajoute que vers 13H00, il y a un changement d'équipe aux guichets. A certains guichets, ça se fait en deux minutes. A d'autres, l'agent blablate un bon quart d'heure puis prend bien soin de vérifier que le statut marital de son conjoint n'a pas changé sur facebook. Je ne sais pas si j'extrapole et je ne veux pas le savoir.
Puis le nom de waïfu est appelé.Nous nous retrouvons face à une créature bureaucratique aux yeux mi-clos mais néanmoins franche et souriante, ravie de voir que ma copine a ramené des papiers que personne ne lui réclamait (sachant que ceux qu'elle avait envoyé quinze fois n'étaient en fait pas utiles). La dame photocopie les documents, avant d'annoncer que ma waïfu n'aura peut-être pas droit à ses allocations, malgré ses revenus de circa 0€ en 2007 (les droits étant calculés, nous dit-elle, sur deux ans à l'avance).
Son explication suivante est un peu kafkaïenne et angoissante, émaillée de protestations molles et perdues de notre part. Si vous y comprenez quelque chose, lâchez vos comm's :
"En fait vous avez travaillé en 2009, donc nous utilisons ces six mois de travail pour faire une simulation de reconstitution de vos revenus en 2007, l'année sur laquelle on calcule vos droits [...] donc vous avez touché une simulation de 15 000€ par an en 2007 [d'après vos revenus de 2009]".

Après, on a été manger à Tang Frère, c'était bon.

Deuxième étape : aller acheter un ordinateur portable (un pour faire de la bureautique et des trucs sur Facebook, pas pour jouer à Borderlands en HD, doc ). Premier arrêt à Darty, et choix mis sur un ordinateur de qualiter à prix raisonnable, dont bien sûr il n'y a plus d'exemplaire disponible et non on ne vend pas le modèle d'expo sinon comment on vendrait cet ordinateur ah attends merde on en a plus en stock.
Deuxième arrêt à la Fnac. Le vendeur est manifestement défoncé, ou a fait l'école du cirque. A un moment un grand noir me parle de son fils qui n'a pas besoin d'un ordinateur a 600€ pour taper du texte en fac de droit "au pays". 500€ suffiront. Ok. Je me souviens que c'est très long.
Après, on passe en caisse pour récupérer un ordinateur plus cher que prévu (ohlol pas de stock non plus), mais avec un énorme PENIS. Bien entendu, la carte bleue passe pas pour des raisons attenantes aux sous qui sont pas sur le bon compte, et pas de chéquier, OH LOL QU4EST6CE QU4ON S4AMUSE.
Après quelques péripéties, on arrive à unlocker l'ordinateur, que nous ajoutons à notre inventaire avant de repartir. Direction le fin fond des Yvelines.

Faisons un point "pourquoi". Il y a fort, fort longtemps, mon automobile a vu sa batterie décéder à la suite d'une sous utilisation par grand froid. Après 8 mois de privations, j'ai obtenu les 90€ nécessaires à l'achat d'une batterie neuve et d'un collier steampunk de clés anglaises que j'ai installé seul comme un grand. Ma voiture a fonctionné 24H puis a simplement décidé d'arrêter. Et quand je tournais la clé ça faisait claclaclaclacla. Ca sentait bon l'alternateur à 400€ foutu.
Donc, là, il fallait rentrer au fond des Yvelines pour trouver un garage. Mon ami le bon Karnath arrive en voiture et m'emmène à Midas. EN chemin, nous sommes plein d'alégresse "Oh sans doute qu'ils vont nous prêter une barre de traction héhéhé". Comme nous étions jeunes et naïfs.
Déjà, le Midas de Plaisir est inaccessible. Il faut passer derrière des entrepots et emprunter un tas de voies à sens unique. Ensuite, le patron des lieux, après m'avoir demandé de décrire la panne m'annonce qu'il fait pas "les trucs électriques" et me renvoie sur un garagiste "a cent bornes". Je lui objecte poliment qu'il y asurtout un garagiste Wolkswagen à cent mètre de chez moi et que comme j'ai une Polo, bah voilà, ça ira plus vite. Il me sourit. Voyait il le naïf se débattre en moi et couler tout à fait ?
Le garage Wolkswagen, bien entendu, avait le bon goût d'être fermé le lundi. Pas comme le bon vieux garage Honda (ou Toyota, enfin un truc qui vend des weeaboomobiles) dont la réceptionniste chubby m'annonce, en dissimulant son écran d'ordinateur habilement connecté sur meetic** qu'ils ne réparent que des Honda/Toyota/Mitsubishonen rayez les mentions inutiles. Elle nous renvoie sur Norauto (kyahhh fapfapfap). J'ai été dans plus de choses en rapport avec l'automobile en deux heures que dans tout le reste de ma vie. A Norauto, un importun garagiste avec une sale gueule me dit d'aller chercher ma voiture, et que je devais la ramener par mes propres moyens. J'achète donc une grosse barre de traction. On remonte tous en voiture, pas très rassurés par la nuit complètement tombée et la perspective de n'avoir plus qu'une heure et quelque avant que tout ferme.

Puis, il y a eu le quart d'heure/demi-heure je sais plus combien extrêmement awkward, à savoir "comment monter et installer un gros penis d'acier quand on l'a jamais fait, qu'il fait nuit et qu'il fait froid." Oui, parce que l'acier, c'est froid quand il fait froid. Grace à l'aide d'un homme joufflu et aimable qui est probablement un de mes voisins, nous avons réussi à retourner les voitures dans le bon sens; à installer un gros anneau laid sur le pare-brise et à prendre la route dans la joie. Veuillez considérer ici sept ou huit paragraphes sur les manoeuvres de volant très gênantes que cela à impliquer et que je résumerai ainsi "FUUUUUUUUU PUTAIN DE BARRE DE MERDE QUI TIRE PAS LA VOITURE COMME CA DEVRAIT". J'étais donc, avec mes compagnons, frigorifié, dans une voiture en panne, couvert de cambouis dans le noir. Il ne restait par bonheur plus que deux cent mètres à faire de chez moi à Norauto (kyahhh fap fap fap). Allez, j'exagère. Quatre cent mètres. Trois cent. je sais pas. Cinquante seconde de route à tout casser, a vitesse normale. Un tournant, une ligne droite, un rond point. Tracté par un conducteur prudent et doctorant en physique.
Heureusement, ce tableau trop simple fut perturbé par le pinnacle de la journée.

 ermey
"SALUT C'EST LA POLICE RANGE TOI SUR LE COTE DE LA ROUTE RACLURE DE BIDET OU JE TE TROUE LA PEAU AVEC MON GROS PISTOLET SALAUD CA T'APPRENDRA A TE FAIRE TRACTER PAR UN ARABE"

Puuuuuuuuuuuuuuuu.
Donc, on nous arrête. On nous apprend qu'on a pas le droit de tracter un véhicule. Que je devrais avoir mes phares allumés. Certes, dis-je, mais ma batterie est à plat, d'où le fait qu'on aille au garage. Et mon contrôle technique qu'est pas bon ? Ben faut d'abord que je la fasse réparer monsieur l'agent de police.
Je devrais vous coller trois cent cinquante milliards d'euros d'amande et mon bâton de maréchal dans le cul, citoyen, mais je me contenterai d'une grosse amande et d'une demi-heure à attendre dans le froid que je finisse d'écrire le PV.
18H59 : arrivée de deux autres policiers, qui entament la discussion avec les deux notres. C'est cool, on a le droit d'attendre encore plus longtemps dans le froid.

19H15 : arrivée à Norauto. Ou il s'avère que la batterie qu'on m'avait initialement vendu était défectueuse.
Rage_fu_LE_FU__

REPARE TA VOITURE ! PAYE UNE AMENDE EN ALLANT TE FAIRE REMBOURSER LE MATERIEL !

On m'a changé ma batterie. Ma voiture marche de nouveau. La Caf a ses papiers. Je me sens sale.


* Ne doutez pas de l'authenticité de cette phrase. Hélas.
** Vraie histoire, frère.
** Moi non plus je ne comprends pas.

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Commentaires
S
Je vais te dire un truc vraiment très imbécile. J'adore ton blogue. Je suis tombé, il y a deux secondes dessus en cherchant sous google "mon chant d'espoir roi lion". Oui, j'aime le Roi Lion (et ma vie est très cool !) Breffons, j'adore ta façon d'écrire. C'est fluide et agréable et je ne peux qu'admirer ton vocabulaire qui m'a bien fait marrer. Enfin rebreffons, j'add à mes favoris de suite ! : D
A
Je ris moins avec le miens qui a pété dimanche soir tiens. "vous allez perdre toutes vos données noob" est un peu le message de la SAV de la fnac, même si la nana était sympa :/.
Z
Aer : j'ai riz.
N
Oh putain l'épisode avec le portable j'ai eu le même avec ma copine la semaine dernière, on a dû faire 4-5 magasins. Putain à croire que tous les stocks avaient été dévalisé... sans parler d'un problème aussi pour le paiement. Banques de merde!!!
A
http://amo.webalpa.fr/neantvert/index.php/post/201001/23/521Dybex-confie-ses-sous-titres-a-une-team-de-fansubs<br /> <br /> Check.<br /> Quick.
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